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Les Petits carrés, cyanotypes brodés

J’ai commencé la pratique du cyanotype en 2018. Un ami m’avait offert un bloc de petits carrés de papiers photosensibles. C’était l’été au bord de la mer. Le bleu du cyanotype a immédiatement résonné avec l’un et l’autre et, plus profondément, avec le deuil qui m’habitait.

J’ai plongé. Avec la légèreté d’un geste ludique fait de collectes, de compositions aléatoires, d’une révélation presque instantanée des images. Dans l’espace laissé par les ombres blanches, petits spectres de l’instant. Dans la couleur bleue.

Et j’ai retrouvé, sans m’en rendre compte, l’intérêt sans cesse renouvelé pour la technique de la réserve qui innerve tout mon travail de plasticienne. Réserve à l’imaginaire sans doute. Que ce soit dans la gravure, le théâtre d’ombres, les techniques de teinture (batik, katazome…), une partie de ma démarche s’inscrit en effet dans le rapport entre forme et contre-forme, plein et vide, positif et négatif.

Était-ce l’omniprésence un peu triste du bleu ? l’aspect trop premier et déjà-vu de la technique du cyanotype ? Le vide des réserves ? D’autres images me sont venues, comme des nénuphars qui seraient remontés à la surface. Elles étaient en couleur. Elles ont appelé la broderie.

Les Petits carrés se sont suivis comme les pages d’un journal, marquant les jours qui me séparaient, à la manière d’un bateau qui s’éloigne du rivage, de la mort de mon père. Le papier un peu dur, fragile, m’obligeait à un geste à la fois délicat, précis et contenu, pour ne pas le déchirer. En brodant ces images, j’avais la sensation de réparer quelque chose.

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