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Lignes de crêtes

Pendant le temps du confinement, j'ai déroulé cette longue bande d'images en résonance avec le texte poétique de Brigitte Agulhon.  Si la représentation s'est éloignée des lieux réels, c'est pour mieux retrouver le lien profond entre territoire et mémoire qui m'a touchée dans le texte ainsi que la manière en creux d'évoquer l'absence d'un être cher que pourtant tout rappelle dans le paysage. Ainsi, utiliser une technique de réserves - les ombres blanches des cyanotypes - s'est imposé à moi dans le processus de création. Depuis quelques années, j'ai développé cette pratique sur des surfaces diverses dont des lingettes anti-décoloration qui prennent des teintes variées au gré des cycles de machine à laver.

Une fois les 30 images insolées, à la fois séparées et indissociables, comme les photogrammes de la pellicule d'un film, je les ai patiemment brodées au fil à coudre, saison après saison.

Et puis, est venu le temps de l'édition. Au verso, le fil se fait écho à la « mémoire ombilicale », il se déroule tout au long de la lecture jusqu'à la bouche du personnage, unissant texte et textile. 

Ce travail de patience, amorcé pendant un temps suspendu où l'attention à la nature et au présent étaient accrus, accompagne le travail du deuil « contre l'oubli, tout contre l'oubli » pour reprendre les mots de Jean-Gabriel Cosculluela.

Extrait du texte Ligne de crêtes

 

c’est la vague caresse plane 

à l’œil précis

de cette broderie déroulée sans fin

d’un versant l’autre et au delà

pour cacher la terre stérile

entre deux blocs rouillés d’or

l’enfance tapie

toujours prête aux trésors

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